SHIMANAMI KAIDO: Balade à vélo de la mer de Seto
Rapide petit déjeuner aux aurores dès l'ouverture du restaurant de l'hôtel : ce matin il faut emmagasiner beaucoup d'énergie et surtout ne pas perdre trop de temps car aujourd'hui j'ai beaucoup de route à faire !
Nous sommes à Onomichi, petit port de la préfecture de Hiroshima et mon ambition du jour est de louer un vélo pour parcourir le mythique Shimanami kaido, la piste cyclable la plus longue du Japon qui relie les 70 kilomètres séparant les îles principales de Honshu de Shikoku en passant par 6 petites îles constellant la mer de Seto.
Aujourd'hui, je ne ferai pas tout le trajet jusqu'à Imabari, le but principal de la journée est d'aller visiter le fabuleux temple Kôsan ji sur l'île de Ikuchi-jima située à mi-chemin... et surtout d'essayer de revenir dormir à Onomichi d'où je poursuivrai mon séjour par la suite. En fait, si je compte bien, et en fonction de l'itinéraire que j'ai prévu, je vais parcourir encore plus de distance que de faire la traversée!
Le vélo que j'ai réservé m'attend au parking du loueur jouxtant l'hôtel. N'étant pas vraiment adepte de la vitesse, mon choix s'est porté sur une valeur sure, le classique du genre: le légendaire « mamachari » (le vélo de maman), emblématique vélo japonais équipé d'un panier devant le guidon, idéal pour entreposer mon sac à dos et mes bouteilles d'eau. Mais comme « la bête » est assez lourde et que je ne suis pas dans une forme physique éblouissante, j'ai pris la précaution de me faire aider par la fée électricité, le loueur m'ayant assuré que je n'aurais pas de problème d'autonomie de la batterie pour faire la distance en utilisant normalement l'assistance.
La location coûte 1500 JPY pour la journée plus 1000 yens de caution qui me seront restitués... à condition que je ramène le vélo intact et avant 18 heures !
Il n'est pas encore 8 heures et je suis déjà sur le minuscule ferry qui effectue d'incessants aller-retours entre Ekimae sur Honshu et Tomihara sur l'île de Mukai-jima. Ces deux quartiers de Onomichi étant séparées par le chenal. La traversée coûte 110 yens.
La piste cyclable qui longe la route est matérialisée par une bande bleue qu'il suffit de suivre... du côté gauche, bien entendu ! Je pars quand même un peu dans l'inconnu. Je n'ai pas parcouru une telle distance à vélo depuis plusieurs décennies, mes jambes suivront-elles le rythme et mon postérieur résistera-t-il aux nombreuses heures posé sur la selle?
Même pas peur, j'essaie de ne pas trop y penser en pédalant tranquillement dans la rare circulation automobile matinale. Ma motivation compensera!
La ville traversée rapidement, je rejoins très vite le bord de mer. Le temps est magnifique et j'enchaîne les kilomètres sous la douceur du soleil matinal. Les occasions de photographier sont nombreuses... et j'en profite! Mais attention quand même à ne pas perdre trop de temps, la route est encore longue!
J'ai malheureusement perdu mon temps en parcourant quelques kilomètres supplémentaires pour faire le tour de la petite île de Iwashi à la recherche d'un sanctuaire... introuvable.
Le franchissement de Innoshima bashi, premier grand pont qui relie les îles de Mukaijima et Innoshima se fait en empruntant une passerelle placée sous le tablier principal. Je me sens un peu comme un lion enfermé dans une cage interminable.
Après le pont, la piste rejoint le bord de mer et contourne l'île de Innoshima par le bord de mer. Mais je la quitte et prends le chemin des écoliers en empruntant une route appelée Shirataki flower line qui serpente en montant à l'assaut de la montagne Shiratakiyama. C'est surtout cette difficulté à gravir qui m'a incité à louer un vélo à assistance électrique car dans cette pente à 13% de moyenne, elle n'est vraiment pas superflue pour aider mes mollets à hisser le mamachari d'un parking de point de vue à l'autre.
Premier arrêt pour voir le pont que je venais de traverser... et surtout pour reprendre mon souffle. Le lion a perdu de sa superbe...
Le soleil est maintenant haut dans le ciel et frappe mon casque de ses rayons ardents. La deuxième étape arrive à point nommé pour mettre pied à terre et découvrir un petit sanctuaire d'où on a une superbe vue panoramique sur la mer de Seto. Le lion a bien besoin de repos.
Après un ultime effort, j’atteins finalement le parking du mont Shirataki dans un dernier souffle. Le lion a souffert mais n'est pas encore mort!
J'en suis à 20 kilomètres parcourus, cette halte prolongée va me faire du bien!
L'emplacement des vélos est équipé d'une pompe à main et d'un nécessaire de réparation en cas de crevaison... délicate attention, mais ce matin il n'y a que moi qui suis crevé!
Je pensais avoir fait le plus dur, mais le but à atteindre est encore plus loin... et surtout plus haut. Comme souvent au Japon, toute visite se mérite et passe immanquablement par quelques centaines de marches à gravir...
Selon la croyance bouddhiste, la répétition des efforts nécessaires pour monter les escaliers aiderait à relativiser nos petits problèmes quotidiens... et ce n'est pas vraiment faux, j'ai eu le temps d'y penser marche après marche.
C'est au bout d'un chemin rocailleux que la porte du temple Shiratakisan Kanon-do se découpe... en haut d'un dernier escalier, bien sur !
C'est donc à bout de souffle mais finalement content de mon sort que j'ai découvert un modeste temple qui ne mérite de l'intérêt que par la vue que l'on découvre de sa belle terrasse Par contre, ce sont les centaines de statues de bouddhas jalonnant le sommet de ce mont qui constituent le principal attrait du lieu.
Appelées Gohyaku Rakan (500 moines ayant atteint l'illumination bouddhiste), ces statues datent du début du 19 éme siècle.
Près du temple, on peut voir des bas reliefs de Tengu et des statues bouddhistes.
Cette dernière image fait débat. Certaines personnes, croyant deviner une croix à côté du visage, en ont déduit que le site aurait servi de lieu de culte aux « chrétiens cachés » qui furent persécutés sous l'ère Tokugawa, mais cela n'a jamais été prouvé.
Chacun se fera son opinion par lui-même...
Il ne me reste qu'à redescendre au parking pour pouvoir reprendre la route.
Un petit belvédère près du parking, un chant, un paysage magnifique par beau temps... quelle belle journée.
Pourvu que les freins tiennent dans la descente!
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