Koyasan: le cimetière Okuno-in
Nous sommes à Koyasan, dans la préfecture de Wakayama, à 60 kilomètres d'Osaka, sur cette montagne qui esr la plus sacrée du Japon pour les bouddhistes... et nous arrivons maintenant au cœur de ce lieu : le cimetière d'Okuno-in.
Si vous avez suivi mon parcours depuis Osaka et ma découverte progressive de Koyasan, vous connaissez déjà bien les lieux. Il me reste à vous faire découvrir ce qui constitue, à mes yeux, le plus sacré de cette montagne, le cimetière Okuno-in.
À la fin de sa vie, le fondateur de ce site bouddhique, le moine Kūkai, que l'on appellera plus tard "Kōbō Daishi" (le Grand Maître de l'Enseignement), a émis le souhait de reposer éternellement près d'un des huit sommets qui confèrent à Koyasan la forme d'une fleur de lotus.
C'est ainsi qu'à l'extrémité orientale du site, il fit ériger son sanctuaire, le Gobyo. Okuno-in signifie littéralement "temple du fond".
Selon la croyance bouddhique Shingon, Kūkai ne serait pas mort mais serait entré dans une méditation profonde et éternelle en mars 835. Il veillerait toujours sur Koyasan, apportant aide et réconfort à tous ceux qui aspirent à la vie éternelle.
La prophétie veut qu'au bout de 1200 ans de méditation, il sorte de sa retraite pour accueillir le futur Bouddha, "Miroku Nyorai", qui sauvera le monde. À ce moment-là, tous ceux qui l'attendent se lèveront et formeront un cortège pour accueillir le sauveur. C'est pourquoi l'on trouve ici plus de 200 000 tombes. Si mes calculs sont exacts, cet événement apocalyptique devrait se produire le 21 mars 2035...
Mais ne nous affolons pas ! Nous avons encore largement le temps de flâner dans ce cimetière avant que ses occupants ne se réveillent.
Le pont Ichi-no-hashi, première entrée du sanctuaire, marque le seuil entre le monde profane et le sacré. C'est ici que selon la tradition, Kûkai accueille chaque pèlerin. Les visiteurs joignent les mains en signe de respect avant d'entamer ensemble, dans la méditation, le chemin vers l'éternité.
Le site se divise naturellement en trois secteurs, séparés par trois cours d'eau. Nous commencerons notre exploration par la partie située entre Ichi-no-hashi et le pont du milieu, Naka-no-hashi. Je vous invite à découvrir une longue galerie d'images capturées dans cette zone.
Naka-no-hashi ne marque pas de rupture dans l'architecture funéraire. Selon la tradition, avant de franchir ce pont, les pèlerins se lavaient les pieds dans la rivière Kin-no-kawa, littéralement la "rivière d'or". Ce passage constituait symboliquement l'entrée dans le royaume des morts.
Nous poursuivons la visite en photos jusqu'à Gobyo-no-hashi.
Juste avant d'atteindre le pont sacré Gobyo-no-hashi, nous découvrons l'ensemble de temples de Gokusho, lieu où l'on prépare quotidiennement le traditionnel repas végétarien offert au sanctuaire de Kûkai.
Le long de la rivière Tamagawa, un alignement de Jizo Mizumuke, arrosés sans cesse par les visiteurs, crée une atmosphère particulièrement paisible.
Le pont Gobyo-no-hashi est la dernière limite avant le sanctuaire. Au-delà, toute consommation, la cigarette et la photographie sont proscrites. Voici mes derniers clichés capturés avant de pénétrer dans ce lieu sacré...
Ces ex-voto sont déposés dans le lit de la rivière, près du pont, afin d'aider les âmes des bébés décédés, nés prématurés ou suite à des fausses-couches, à rejoindre Kobo Daishi. On croit que ces jeunes âmes, n'ayant pas eu le temps d'accumuler de bonnes actions, ne peuvent franchir seules le passage vers l'au-delà.
C'est mon dernier cliché pris au téléobjectif avant de pénétrer dans le sanctuaire d'Okunoin. Au cœur de ce lieu sacré se dresse le Torodo, où brûlent en permanence près de 10 000 lanternes, entretenues par les moines. La légende veut que quatre d'entre elles flamboient ininterrompument depuis plus d'un millénaire.
Pour vous donner une idée de l'atmosphère unique de ce lieu, j'ai sélectionné quelques images trouvées sur la toile. Bien que je ne sois pas l'auteur de ces clichés, je souhaite partager avec vous la beauté de ce site.
On arrive au Gobyo, placé derrière le Todoro, lieu fermé dans lequel Kûkai serait actuellement en méditation éternelle...
Pas de photo personnelle non plus, mais on trouve tout sur internet qui ne connait pas les interdits...
Bizarrement, même si on n'a aucune croyance, on se sent un peu différent en redescendant de cet endroit...
Sur le chemin du retour, après le pont et le temple Gokusho, le regard est attiré par un monticule composé de milliers de statuettes de Jizo, ce Boddisattva protecteur des enfants.
Notre visite du site historique de Koyasan se termine ici. Si on redescend par le chemin de gauche, vers le parking des automobiles, on traverse un partie plus récente du cimetière. On peut y voir des tombes en forme d'avions, de fusées construites par des entreprises...
J'ai préféré rester dans la partie traditionnelle, plus chargée d'histoire.
Pour les férus d'histoire justement, je vais vous proposer quelques photos de sépultures de personnages célèbres... au Japon, bien sur.
Matsudaira Hideyatsu et sa mère. Deuxième fils de Leyatsu Tokugawa, Premier Shogun de la dynastie. Samouraï de renom, il fut Daimyo du château de Echizen...
Ogo Shonin. Moine qui a oeuvré toute sa vie à la restauration de Koyasan. Habile négociateur, il fit épargner le site d'une attaque de l'armée de Toyotomi Hideyoshi, un des unificateurs du Japon féodal.
Toyotomi Hideyoshi... Après avoir épargné Koyasan et en être devenu le protecteur, il a choisi de se faire inhumer en ces lieux... bien entendu!
Sugen fille de Toyotomi Hideyoshi, elle fut la femme de Hidetada Tokugawa, deuxième Shogun de la dynastie. A noter que son Stupa mesure près de 7 mètres de hauteur...
Shirnan-shonin, moine fondateur de la secte de Jodo-shu.
Asano Yoshinaga. Daimyo et Samouraï, il fut un des principaux généraux de Leyatsu Tokugawa.
Monument pour le repos des soldats morts en Birmanie lors de la dernière guerre mondiale.
Monument gravé d'un "Haïku" composé par le poète Bashô Matsuo à la mémoire de ses parents.
Je vais arrêter là cette énumération infinie... il y aurait certainement une histoire à raconter sur chacune des 200 000 stèles édifiées en ce lieu.
Mais partout Kukai veille...
Un dernier détail... partout des cèdres plus que centenaires se dressent fièrement, résistants aux typhons, aux tremblements de terre et à toutes les intempéries. Cela ajoute à l'ambiance du lieu, mais la forme vrillée particulière à leur tronc a inspiré certains ingénieurs pour la construction de Tokyo Sky Tree, un édifice hors normes...
La nature est bonne conseillère...
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