HIROSHIMA (mon Amour...)
"Comment me serai-je doutée que cette ville était faite à la taille de l'amour..."
Ceux qui ont vu le film de Alain Resnais "Hiroshima mon amour" ont peut être en mémoire cette réplique de Emmanuelle Riva à Eiji Okada.
Ce souvenir d'un des premiers films tourné en grande partie au Japon a, peut être inconsciemment, contribué à me donner envie de découvrir ce pays et d'aller visiter cette ville.
La veille, on était à Matsuyama (article à voir ici). Pour joindre les deux villes, le moyen de transport le plus pratique et rapide est le ferry qui effectue la traversée en deux heures.
Le bateau longe plusieurs îles défigurées par des usines sidérurgiques qui semblent dater du début de l'ère industrielle...
Et oui, c'est aussi cela le Japon...
Hiroshima a un passé douloureux que tout le monde connait.
Depuis cette matinée du 6 août 1945, rien ne sera plus jamais comme avant dans la capitale de cette préfecture éponyme. Aujourd'hui, la ville est peuplée de plus de 1,2 millions d'habitants et allie dynamisme et recueillement.
Le centre de l'agglomération est préservé et de nombreux témoignages de ce passé funeste permettent à chacun de se remémorer les atrocités de la guerre.
Le point d'orgue est le bâtiment "genbaku" ancienne chambre de commerce qui a miraculeusement échappé à la destruction complète dont ont été victimes les autres constructions avoisinantes.
Depuis quelques mois, il est recouvert d'un échafaudage qui lui permettra de continuer à tenir son rôle de témoin de l'histoire car si il a partiellement résisté à une bombe atomique, il faut périodiquement s'assurer si il ne souffre pas trop des épreuves du temps.
Ces échafaudages ont été enlevés deux semaines après notre passage, tout va bien pour la construction.
Il faudra attendre un peu pour pouvoir refaire ce genre de photo...
Le monument érigé non loin du dôme est dédié aux étudiants mobilisés durant la guerre. Plus de 10 000 d'entre eux sont morts durant le conflit.
La quiétude de ce lieu est absolue, comme protégée par la mémoire des milliers de victimes de la bombe.
On franchit le pont pour se diriger vers le parc de la paix... La pleine floraison des sakura ne saurait tarder, une nouvelle renaissance de la nature.
La tour de l'horloge dont la sphère symbolise l'amitié entre les peuples du monde entier malgré les horreurs de la guerre matérialisée par la forme torsadée des piliers.
A noter qu'elle sonne tous les jours à 8h15...
La cloche, don de l'ambassade de Grèce. Tout visiteur est invité à faire tinter cette cloche... on l'entendait résonner durant toute la visite du parc.
Les allées sont très agréables à parcourir en cette saison de sakura...
Parmi toutes les évocations de cette tragique journée, le monument dédié aux enfants est certainement le plus émouvant.
A la base, il fut édifié en mémoire d'une fillette "sakado sasaki" décédée en 1955 à l'âge de 12 ans, d'une leucémie contractée suite à son exposition aux rayonnement le jour de l'explosion.
Lorsque la maladie s'est déclarée, la fillette se lança dans la réalisation de "Senbazuru" (1000 grues) en Origami car suivant une ancienne croyance, l'achèvement de ce travail lui accorderai la réalisation d'un souhait... Celui de Sakado était de laisser derrière elle un monde sans arme nucléaire car elle avait conscience de l'issue fatale de sa maladie. Mais elle décéda trop rapidement, laissant une oeuvre inachevée composée de tous les papiers qu'elle pouvait trouver à l'hôpital, après 644 réalisations...
Depuis ce jour, des dons en grues de papier parvenant du monde entier sont transmises chaque jour au mémorial.
L'épitaphe inscrite sur au pied du monument est vraiment poignante:
"C'est notre cri, c'est notre prière: Paix dans le Monde"...
Ce sont les camarades de classe de Sakado qui en ont eu l'idée.
On s'approche du musée... en passant devant la flamme de la paix...
Au milieu des sakura, on peut deviner la statue de "la mère et l'enfant dans la tempête".
Le cénotaphe en dessous duquel figurent les noms de toutes les victimes de la bombe est le premier monument à avoir été érigé sur le site.
Son alignement permet de voir dans la continuité la flamme et le dôme.
La signification de l'épitaphe est " S'il vous plait, reposez en paix pour ne pas répéter l'erreur"...
Volontairement équivoque, elle a pour volonté d'impliquer la responsabilité réciproque des protagonistes du conflit.
Par manque de temps, on ne visitera pas le musée.
On se contentera de regarder le soleil se coucher lentement au dessus de la fontaine...
Ce fut une journée particulièrement émouvante...
Pour nous remettre de nos émotions, une soirée restaurant s'impose!
On a décidé de goûter à la spécialité locale: l'Okonomiyaki de Hiroshima!
Direction le quartier le plus animé de la ville, là ou se trouvent la majorité des restaurants.
Shintenchi Okonomi-Mura... un bâtiment dans lequel on trouve plusieurs dizaines de restaurants typés Hiroshima.
A mon sens, c'est quand même une sorte de "piège à touristes", un endroit dans lequel on trouve plus de voyageurs étrangers que de locaux.
A ce "temple" de l'okonomiyaki sous toutes ses formes, nous avons préféré le cadre plus intimiste d'un restaurant du quartier: "Henkutsuya".
Que l'on pourrait traduire par "chez le têtu"... je ne sais pas pourquoi.
Quelques mots sur l'okonomiyaki de Hiroshima, assez différent de celui de Osaka que beaucoup de monde connait mieux:
Si celui de Osaka est constitué d'un ensemble de composants mélangés avec la pâte dans un bol avant la cuisson, celui de Hiroshima est assemblé avec des ingrédients préparés préalablement pour la plupart.
Le cuisinier commence par cuire une base constituée d'une sorte de pâte à crêpe épaisse, puis il disposera les ingrédients en couche en y incorporant des pâtes de soba ou udon, du choux et le la viande ou des fruits de mer suivant votre goût. L'ensemble va cuire tranquillement, le temps de réaliser une sorte d'omelette qui va coiffer la préparation précédente.
Un nappage de sauce et quelques copeaux d'algues compléteront le plat.
Contrairement à la préparation de Osaka, il n'y aura pas de rajout de copeaux de bonite.
On s'installe au comptoir, on verra mieux les cuisiniers travailler.
On commence par les Okonomiyaki: fruits de mer ou poitrine de porc?
Autre spécialité de Hiroshima, l'huître!
On peut la déguster sous toutes ses formes, cuite bien entendu car les japonais mangent rarement les fruits de mer crus.
Que ce soit au BBQ, en tempura ou cuites sur le teppan, il existe une multitude de préparations possibles.
Dans ce restaurant, la cuisson sur le teppan s'impose!
Accompagné de quelques pousses de soja et de poireau japonais... je ne vous dis pas à quel point je me suis régalé!
Rien que de mettre ces photos en ligne, j'ai envie de reprendre l'avion!
On a dormi dans un business hôtel à proximité de la gare, surtout pour le côté pratique de son emplacement.
Demain, on se lève tôt pour aller à Miyajima...
Bonne nuit!
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