JAPON: LE SOLEIL ROUGE

     

     Tokyo est une ville fascinante, un véritable kaléidoscope culturel. Malgré l'omniprésence des quartiers futuristes, la ville recèle d'étonnants havres de paix, des oasis de verdure souvent méconnues. Ces sanctuaires, véritables îlots hors du temps, abritent des temples séculaires qui semblent défier les lois du temps.

     Les marches abruptes menant au sanctuaire Atago sont connues sous le nom de "Shussei no Ishiden", littéralement "marches de pierre du succès". Cette appellation fait référence à la légende de Heikuro Magaki, narrée dans le célèbre conte populaire "Kanei Sankejutsu".

     Je vous propose une version personnelle de la traduction d'un texte vu sur le site officiel de ce temple... 

     « Au cours de la onzième année de Kanei, Iemitsu, le troisième shogun Tokugawa, retournait de Zojoji, le temple ancestral des Tokugawa, lorsqu'il passa devant le sanctuaire Atago. C'était le printemps, et les pruniers Genpei, en pleine floraison, ornaient le sommet du mont Atago.

     Intrigué par la beauté des fleurs, Iemitsu lança un défi à ses chevaliers : « Qui d'entre vous osera gravir cette pente escarpée et me ramener quelques-unes de ces fleurs ? Il faut certes du courage pour monter et descendre ces marches à pied, mais à cheval... c'est tout simplement impossible ! Si vous échouez, vous risquez de vous blesser gravement. »

     Les chevaliers, intimidés par la difficulté de la tâche, hésitèrent. Iemitsu, voyant leur indécision, commença à s'impatienter. Juste au moment où il allait réprimander ses hommes, un cavalier inconnu s'élança et commença à escalader les marches de pierre.

     « Qui est ce téméraire ? » s'exclama Iemitsu. Aucun de ses proches ne le reconnaissait.

     « Je suis Heikuro Magaki, un vassal du clan Marugame à Shikoku », répondit l'homme, d'une voix ferme.

     Avec une agilité surprenante, Heikuro atteignit le sommet, cueillit un rameau et redescendit à cheval, le présentant au shogun. Iemitsu, impressionné par cet exploit hors du commun, le félicita en ces termes : « Vous êtes sans doute le plus grand cavalier du Japon ! »

     La renommée de Heikuro Magaki se répandit telle une traînée de poudre à travers tout l'archipel.

     Il semble effectivement incroyable d'imaginer qu'un chevalier en armes ait pu grimper ces escaliers a cheval, surtout que j'ai été contraint de m'arrêter en chemin pour reprendre mon souffle en les montant a pieds! Selon la coutume, il est d'usage d'emprunter un des côtés pour monter ou descendre les escaliers, la partie centrale étant réservée aux dieux.

     Une fois le torii en pierre franchi, j'arrive encore essoufflé sur une esplanade très arborée. Quel calme! Les bruits de la ville trépidante n'ont pas eu la force de monter toutes les marches et c'est dans un silence total que je peux prendre mon temps au chôzuya pour mes ablutions purificatrices avant de commencer la découverte de ce petit paradis.

     Je ne pensais pas que cette  petite colline culminant à 26 mètres au dessus du niveau de la mer abritait un petit sanctuaire shintô et un temple bouddhiste, le tout baignant dans une végétation luxuriante. Après quelques minutes passées à explorer la colline, je me croyais en pleine campagne, ayant complètement oublié que j'étais toujours au centre d'une des plus grandes villes du monde.

     Le bâtiment principal du temple est très modeste mais il invite au recueillement et à la méditation. 

     Un peu à l'écart, je me suis longuement attardé autour d'un petit étang dans lequel nageaient langoureusement des carpes colorées...

     Il va encore falloir redescendre... quand je repense à Heikuro Masaki sur son cheval, cela me donne le vertige!

  Je n'ai vu personne durant cette visite mais j'aurais menti si j'avais dit que je n'avais pas vu un chat...

Voici la localisation de ce petit bijou:

A bientôt!